Affaires de bien-être

La salle d'attente de Phyto Service, à Pontijou (Loir-et-Cher), ne ressemble à aucune autre. Décoration colorée, DVD sur la nature à l'écran... Tout est fait pour créer une atmosphère chaleureuse. « C'est important de bien accueillir », explique Laurence Gosseaume, à la tête du négoce. A priori, son parcours paraît classique : fille de négociant, elle fait carrière dans la société, qu'elle dirige aujourd'hui. En réalité, entre-temps, le négoce est passé entre des mains américaines, puis britanniques, avant d'être racheté, il y a quatre ans, par son actuelle PDG. Il compte 75 personnes, pour plus de 50 M€ de CA.

Laurence Gosseaume est née à Blois. Son grand-père, Lucien Gosseaume, agriculteur, crée en 1954 une entreprise d'épandage à façon de produits phytos. Son fils Maurice reprend les Ets Gosseaume et, en 1979, naît Phyto Service. « Je me souviens, j'avais treize ans, on avait aidé à coller du linoléum pour le Lisa », se rappelle Laurence Gosseaume. Après l'obtention de son bac à 17 ans, elle suit une maîtrise de droit privé général, à Tours. Elle enchaîne avec un DEA de droit pénal à Bordeaux, avec une spécialité en criminologie. « Je voulais être "profiler", même si ce terme n'est pas employé à l'époque, et partir au Canada. » Finalement, elle s'orientera vers le conseil juridique avec un DESS en droit des affaires et fiscalité.

De standardiste à PDG

En septembre 1992, un remplacement est vacant au standard : la juriste entre ainsi en CDD au négoce, au Smic. Elle poursuivra chez Agridis, comme assistante juridique, avant de revenir chez Phyto Service, en 1997. L'année suivante, le négoce passe dans le giron d'UAP (United Agri Product), société américaine d'agrofourniture, filiale de ConAgra. Laurence Gosseaume suit les nombreux dossiers liés à la transaction, et au fil des années, prend de nouvelles responsabilités, notamment celle de DRH. Au départ de son père en 2003, elle est nommée directeur général délégué. En 2005, ConAgra vend la structure qui devient la Holding Phyto Service avec à sa tête un président anglais, Stephen Derbyshire, qui maintient Laurence Gosseaume à la tête de l'entreprise. 2011 marquera un tournant pour la directrice. « En 2010, j'ai demandé à Stephen s'il voulait vendre. Fin 2010, le jour de mes 45 ans, il m'a prévenu : « J'ai un groupe intéressé. » Je n'ai pas hésité. J'ai été voir les banques, et fin janvier, on en a rediscuté. Il m'a dit : « You deserve it ! » (vous le méritez). Tout va très vite, et le 12 août 2011, la transaction est finalisée, et Laurence Gosseaume ajoute un P à son titre de DG. « Si l'on m'avait dit, il y a quinze ans, que je rachèterais le négoce, je ne l'aurai pas cru, sourit-elle. J'ai saisi une opportunité et surtout sauvegardé l'entreprise et ses emplois. » Depuis, le négoce ne cesse de se développer. Et dans le quotidien ? « Cela n'a rien changé. Je suis toujours dans l'opérationnel. »

Salle de sport pour les salariés

La notion d'opérationnel chez Laurence Gosseaume est toute personnelle : car outre ses attributions, elle participe ponctuellement aux inventaires, ou au réétiquetage, et reprend régulièrement le standard pour quelques heures. Idem pour le management : outre des événements annuels rassemblant toute l'équipe du négoce, Laurence Gosseaume se mobilise au quotidien pour contribuer au bien-être de son équipe : télétravail, aménagement de la maison de son aïeule en face du siège pour les pauses, avec une future salle de sport... « On passe beaucoup de temps au travail, c'est essentiel de s'y sentir bien. »

Marion Coisne